La comuna 13 se compose d'une vingtaine de quartiers (nous en avons vu sue 3 ou 4 avec le graffiti tour).


De part sa position géographique (près de la San Javier highway, porte d’entrée et de sortie des biens illégaux de Colombie et,en hauteur, donc difficilement accessible par les forces de l’ordre), la Comuna 13 a été depuis toujours le centre de tous types d’activités illégales : trafic d’armes, trafic de drogues, etc.


Dans les années 80-90, le quartier est contrôlé par les fidèles de Pablo Escobar.

Durant ces mêmes années, Medellin est la ville la plus dangereuse au monde, et la comuna 13, le quartier le plus dangereux de Medellin… Les corps morts gisent sur les trottoirs, les fenêtres sont criblées de balles et les habitants restent enfermés chez eux par peur et par éloignement de la ville. Nombreux sont ceux qui perdent des proches dans ce quartier qui ne leur appartient plus.


Comme la Comuna 13 est enclavée dans la montagne, les transports pour se rendre au centre-ville prennent beaucoup de temps. Devenant un vrai ghetto, beaucoup finiront finalement pas quitter le quartier, sans argent en poche .


Après la mort de Pablo Escobar, la Comuna 13 a été la scène de guerres quotidiennes menées tour à tour par les guérillas (groupe d’extrême gauche), les cartels de drogue, les gangs locaux et les paramilitaires (groupe d’extrême droite) se disputant chacun le pouvoir sur la vallée de Medellin.

Pour être plus efficaces, les paramilitaires n’hésitent pas à enrôler des jeunes pour agrandir leurs effectifs. Quant aux jeunes délinquants du quartier, organisés et armés, ils sont prêts à tout pour défendre leur territoire face aux « Envahisseurs ».


En 2002, la violence connaît son apogée au sein de la Comuna 13. Puisque la guérilla n’en finit pas, le gouvernement s’allie aux paramilitaires et au narcotrafiquant « Don Berna » pr en finir. Une opération militaire (Orion Operation) de plusieurs jours est lancée. Des moyens forts sont mis en place pour déloger le plus grand ennemi : les Farcs. 1000 soldats et policiers sont déployés, des véhicules blindés avec l’aide d’hélicoptères qui tirent depuis le ciel. Sous prétexte de combattre la guérilla, l’armée élimine tout opposant politique en « nettoyant » la favela. La Comuna 13 est complètement assiégée et isolée. Plusieurs morts, des dizaines de disparus et des centaines de civils blessés…


Suite à l’opération militaire, le narcotrafiquant Don Berna, qui a aidé le gouvernement, en profite pour reprendre le contrôle du quartier. Un semblant de paix revient sur la « Comuna 13. » Don Berna finit par être extradé aux États-Unis en 2008, la violence et la criminalité reprennent de nouveau. Qui régnera maintenant sur le quartier ?


Petit à petit, les derniers paramilitaires rendent les armes contre une reconversion (souvent dans les métiers de la sécurité privée) et le gouvernement colombien se décide à aider activement la Comuna13 : reconstruction de toits, création d’une bibliothèque publique avec des accès gratuits aux livres, aux ordinateurs et à internet, mise en place du célèbre escalator qui permet au quartier d’être relié à la ville , aide à l’emploi, aide pour l’éducation des plus jeunes.


La mise en place d'escalators facilite la vie des habitants, ils n’ont plus à dévaler l’équivalent de 30 étages pour se rendre en bas du quartier (zone où se trouvent écoles, structures de santé, commerces, etc). Pour l’ensemble des hauteurs de la ville, des télécabines ont été installées afin de désenclaver les quartiers dans la vallée. Elles sont entièrement gratuites. Des petites routes sont construites à travers le quartier pour que les habitants puissent se déplacer plus facilement en moto (notamment pour les objets lourds ...).


Les fameuses télécabines


C’est seulement à partir de 2013 que la Comuna 13 trouve une accalmie et s’ouvre aux touristes. En 2014, une société colombienne offre des pots de peinture aux habitants. Il est temps de recolorer ce quartier et d’y apporter de la gaîté. De nombreux artistes s’engagent dans ce défi de changement. Des fresques murales sont petit à petit peintes sur de nombreux murs. Par ce street art, les artistes racontent le passé douloureux en essayant de redonner de la vie au quartier. 


Aujourd’hui, la Comuna 13 se visite et se découvre à travers ses graffitis plein de sens et de messages. Même s'il y a encore de la délinquance dans certains coins, ça n'a plus rien à voir. L'ambiance y est beaucoup plus paisible. On y rencontre des jeunes plein de talents et d’espoir, une population avec un nouveau souffle, du travail et pacifiée 😉 Une belle leçon de vie et d'espoir mais aussi un bel exemple de résilience !


Un grand merci à Güey qui nous a permis de connaître leur histoire et de découvrir des superbes graff. Il fait partie de la Casa Kolacho et vit dans la Comuna 13. Merci aussi à Sara de Tika Travel qui a traduit en français pour qu'on ne loupe aucun détail 😉😉 !! Une super journée !